Ma vie d'élue #5 : Laurance Bussière, maire de Daubeuf-la-Campagne (241 habitants) et présidente de l'Association des maires ruraux de l'Eure nous parle de sa vie d'élue locale !

“On ne peut pas plaire à tout le monde. De toute façon, un maire est toujours jugé. C’est comme ça.”

Maire de la commune de Daubeuf-la-Campagne (241 habitants) et présidente de l’Association des maires ruraux de l’Eure, Laurance Bussière revient sur son mandat local et les difficultés qu’elle a pu rencontrer comme ses succès en tant que maire.

Pourquoi et comment êtes-vous devenue élue ? Pourquoi vous êtes-vous engagée ?

En 2008, le maire du village m’avait demandé si je voulais m’engager avec lui. Étant déjà engagée dans le secteur associatif et mes filles étant suffisamment grandes et autonomes, j’ai accepté. Je ne suis pas originaire de Normandie, je suis arrivée ici suite à la mutation de mon mari. Je m’étais impliquée en tant que parent d’élève, puis j’ai monté une association de danse et de broderie. J’aime m’impliquer et partager, j’aime les gens donc ça allait dans le sens de ce que je cherchais. J’ai voulu compléter mon engagement en tant qu’élue et aujourd’hui j’effectue mon troisième mandat en tant que maire.

Quelles difficultés rencontrez-vous en tant qu'élue ?              

En tant qu’élus, nous faisons face beaucoup à des difficultés de budget. Nous aimerions entreprendre de nombreuses améliorations telles que la rénovation de l’appartement de la mairie, la restauration de l’église, la mise en place des bornes d'incendie, la sécurisation d’espaces piétons, l’instauration d’un city stade ou encore la végétalisation du centre du village. Ce sont beaucoup de projets mais les dotations globales sont plus faibles pour les petites mairies.

On rencontre aussi des difficultés au niveau du personnel. Peu de personnes veulent travailler pour peu de temps à la semaine, ne serait-ce que pour les secrétaires de mairie ou les jardiniers. On peut totalement le comprendre mais cela nous bloque beaucoup.

Ensuite nous devons faire face à des incivilités, un non-respect de la réglementation en matière d’urbanisme et d’environnement, ainsi qu’un manque de respect que l’on rencontre envers les élus et notamment envers la personne du maire. C'est une réalité à laquelle nous devons faire face, mais nous faisons de notre mieux malgré tout.

On ne peut pas plaire à tout le monde, un maire est toujours jugé. Quand on ne fait rien, on est jugé, quand on fait des choses, on est jugé. C’est comme ça mais on fait ce que l’on peut.

Est-ce que la formation vous a apporté quelque chose ?

Tout à fait. Suite à un certain nombre de problèmes, j’ai suivi quatre à cinq formations que j’ai mises en place en tant que présidente des maires ruraux de l’Eure. Il y avait une formation d’auto-défense pour les élus et secrétaires de mairie et une autre pour les élus et secrétaires de mairie malmenés avec un psychologue et un professeur d’auto-défense. 

La formation m’a beaucoup apporté. Elle m’a permis de mieux maîtriser mes réactions car lors d’un premier mandat, j’avais eu tendance à répondre un peu impulsivement. Aujourd’hui, j’apprends à écouter attentivement et à prendre du recul pour répondre de manière détaillée et claire.

Des formations sur l’urbanisme ou l’environnement m’intéresseraient mais dans mon conseil, ce sont beaucoup de personnes actives et qui n’ont pas beaucoup de temps. Ils ne peuvent pas toujours se libérer facilement et consacrer du temps à d’éventuelles formations.  Par contre, ce sont des personnes super engagées et pleines d’idées ; l’ambiance est vraiment bonne et c’est très agréable de travailler avec cette équipe !

Pouvez-vous nous parler d'un projet qui a fonctionné dans votre commune et/ou que vous êtes fière d'avoir porté ?      

Je suis fière d'avoir porté à succès la mise en place de notre distributeur de pains dans la commune. Le conseil municipal des jeunes a joué un rôle essentiel lors de 2 mandats en soumettant leurs idées, impliquant ainsi les parents dans le processus, ce qui a été bénéfique pour le village. De plus, nous avons réalisé la mise en place d'un verger partagé ainsi qu'un potager, qui ont été des projets très gratifiants pour notre commune. Ces initiatives ont permis aux habitants de se rapprocher de la nature, de partager des moments conviviaux. Cela a renforcé le lien entre les enfants, les parents et grands-parents car en se baladant dans le village chaque arbre porte un prénom d’enfants habitants le village. Nous avons également entrepris le fleurissement des mares et de la mairie, ce qui a permis de rendre ces espaces plus attrayants et accueillants pour les habitants et les visiteurs. Ces aménagements paysagers ont contribué à préserver la biodiversité locale tout en embellissant notre environnement.

Toutes ces réalisations sont le fruit d'un engagement fort et démontrent l'importance de travailler ensemble pour le bien-être de notre village. En tant qu'élue, c'est une source de fierté de voir notre commune s'épanouir grâce à ces projets porteurs de sens.

Que diriez-vous à quelqu'un qui souhaite s'engager en tant qu'élu aux prochaines élections ?                            

Je dirais à ceux qui souhaitent s’engager en tant qu’élu que c’est une belle initiative mais que cela demande beaucoup d’investissement pour réaliser de grandes choses. Il faut être conscient que cela exige beaucoup de temps mais c’est une belle expérience. J’ai beaucoup appris, j’ai rencontré des personnes formidables. J’ai découvert le milieu de la préfecture que je ne connaissais pas, etc. Il faut le faire ! Ce n’est pas simple tous les jours. 

Parfois, on perd le contact avec certaines personnes. Vous savez, il faut faire appliquer la loi, même pour ses amis et ça ne plaît pas toujours. On est un peu le gendarme du village. C’est peut-être un peu difficile parce qu’on incarne un peu tout ce que l’on peut détester. On ne peut pas toujours aller dans le sens de tout le monde parce que si on applique pas la loi à la lettre, on peut aussi porter plainte contre nous, en tant que maire.