Ma vie d’élu #1 : Benjamin Tison-Beernaert, conseiller municipal d'Armentières, 25 000 habitants (Nord) répond à nos questions !

“Le principal frein à la formation, c'est en réalité le temps. Quand on travaille, qu'on est dans l'opposition donc non rémunéré, c'est difficile d'exercer autant qu'on le voudrait son droit à la formation.”

Élu au conseil municipal d’Armentières, commune de plus de 25 000 habitants dans le département du Nord, Benjamin Tison-Beernaert a répondu à nos questions sur son engagement citoyen et l’importance de son rôle d’élu.

Pourquoi et comment êtes-vous devenu élu ? Pourquoi vous êtes-vous engagé ?

J'ai souhaité m'engager aux élections municipales de 2020 dans une ville gouvernée par le PS depuis 1945. Je me suis engagé sur une liste citoyenne et sans étiquette, après quelques années de militantisme au Mouvement des Jeunes Socialistes. A l'issue du second tour, je n'ai pas été élu mais j'ai rejoint le Conseil municipal en décembre 2021, à la suite d'une démission.
Je me suis engagé principalement parce que je crois que la voix des jeunes n'est pas suffisamment prise en compte dans les politiques publiques et que nos institutions souffrent d'un manque de renouvellement. Les questions de lutte contre la pauvreté et celles liées à la crise climatique m'intéressent particulièrement et je souhaitais concrètement faire valoir mon point de vue et promouvoir des politiques ambitieuses sur ces sujets.


Quelles difficultés rencontrez-vous en tant qu'élu ?

En tant qu'élu d'opposition, les difficultés rencontrées sont nombreuses... Mener un mandat en parallèle d'une activité professionnelle n'est pas toujours simple. Je me heurte souvent (mais c'est le lot de tous les élus d'opposition) à un manque d'information sur les projets en cours menés par la majorité, à la non-application ou à la mauvaise application de certaines dispositions du règlement intérieur du Conseil municipal (sur le délai d'envoi de documents en amont des commissions par exemple). Il faut avoir le courage de faire valoir ses droits et d'entrer parfois en confrontation.

Est-ce que la formation vous a apporté quelque chose ?

Comme je le disais, je n'ai pas eu beaucoup de temps à consacrer à votre plateforme, mais j'ai eu l'occasion de suivre une formation de l'Association des Élus Locaux d'Opposition (AELO) sur les principaux droits de l'opposition, qui m'a un peu aidée. J'ai aussi été formé indirectement par mon prédécesseur au Conseil municipal, qui était élu depuis plus de dix ans, et grâce à qui j'ai beaucoup appris sur le fonctionnement de la politique locale.
Le principal frein à la formation, c'est en réalité le temps. Quand on travaille, qu'on est dans l'opposition donc non rémunéré, c'est difficile d'exercer autant qu'on le voudrait son droit à la formation. Pour autant, c'est utile et nécessaire de se former ! J'ai été frappé d'apprendre que j'étais l'unique élu à avoir demandé le financement d'une formation en 2022...

Pouvez-vous nous parler d'un projet qui a fonctionné dans votre commune et/ou que vous êtes fier d'avoir porté ? 

Joker... Je suis assez critique de la majorité précisément sur les projets qu'elle porte et qui, selon moi, ne sont pas suffisamment ambitieux. Même au-delà de la question des moyens budgétaires dont on dispose, il y a un manque d'inventivité, de créativité, de volonté de faire vivre la démocratie, etc. que je trouve assez sidérant.

Que diriez-vous à quelqu'un qui souhaite s'engager en tant qu'élu aux prochaines élections ?

Je leur dit mille fois oui ! Venez ! Impliquez-vous ! Faites-vous élire ! Les baronnies locales, les héritages politiques, qui existent dans beaucoup de communes, affaiblissent la confiance des citoyens dans leurs élus. C'est sans compter sur la stagnation de certains projets. Il faut faire émerger une nouvelle génération d'élus. Par "nouvelle génération", je ne vise pas forcément des jeunes, simplement des personnes qui n'ont pas encore exercé de mandat. J'ai la conviction de plus en plus grande que ce n'est que comme cela qu'on parviendra à faire en sorte que les citoyens aient confiance dans leurs élus. Même dans l'opposition, c'est passionnant de participer au débat, même si c'est parfois chronophage ou compliqué.